L’autre, les "étrangers" dit Freud, menace mon narcissisme car les différences de comportement entre lui et moi constituent une critique de mes particularités. Le comportement différent de l'autre est un invitation constante à changer ma propre vie. Mon moi va résister, et ce d'autant plus qu'il se sent fragile, en réclamant à l'autre de se transformer, lui; de modifier son comportement de façon à ce qu'il ressemble au mien; de s'intégrer. Une ligne de défense efficace consiste à caricaturer l'autre. Si l'autre pratique des messes noires où il sacrifie des enfants, excise ses filles, coupe les mains qui ont du rouge aux ongles, alors la menace de la critique implicite qu'il représente s'affaiblit. En même temps puisque c'est un monstre je peux le maltraiter.
Mais même si l'étranger s'intègre, c'est à dire si ses particularités s'estompent, "les sentiments de répulsion et d'aversion" à son égard demeurent car ce sont "précisément ces détails de la différenciation" qui suscite la haine. L'acceptation de l'autre, "peu" différent (il parle notre langue sans presque aucun accent, habite les même villes que nous, à un métier semblable aux nôtres), requiert un capital narcissique suffisant: je dois m'aimer suffisamment, aimer suffisamment ma vie, pour ne pas me sentir menacer par "ses propriétés et particularités".
Pour survivre une société démocratique doit être capable d'offrir cela à chacun de ces enfants.
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