Les choix politiques ont sans doute à long terme moins
d'effet sur l'état d'une société que ce que nous gens de gauche aimerions
croire. Toutes les revendications féministes aussi énergiques fussent-elles
n'auraient amené que peu de changement sans l'invention de la machine à laver
ou la synthèse de la progestérone. L'apparition de la fabrique et de
l'agriculture industrielle a transformé un monde largement paysan en une
société urbaine et ouvrière. Marx nous l'a appris, la modification des forces
productives entraine la nécessité de la transformation des rapports sociaux et
ceci dans un mouvement dialectique qui tend à résoudre la contradiction entre
la nouvelle réalité et l'ancienne société. C'est là, dans cette contradiction à
résoudre, que la politique trouve sa place. La politique va être le levier qui
permet d'infléchir la transformation de la société en vue d'optimiser son
rapport à la réalité des infrastructures actuelles, objectives. Optimiser, mais
en quel sens: faire en sorte qu'à chaque étape de la transformation sociale le
plus grand nombre y trouve le maximum de satisfaction. C’est ça la gauche :
le mieux, pour le plus grand nombre.
Ma vision de l'évolution sociale ressemble à la
descente d'un fleuve en kayak: il n'est pas question de remonter le courant
(réaction), ni de s'arrêter (conservatisme), au plus, avec beaucoup de
précaution peut-on essayer de faire une pose sur une des rives pour attendre
les retardataires. Mais le mieux c’est de faire en sorte que les obstacles
soient évités. Si la politique c'est le pagayeur, le courant c'est quoi alors? Quelque
chose comme les forces productives de Marx. Disons l'économie, pour ceux qui
n'aime pas Marx. L'économie au sens large qui inclut la science et la
technologie. La science découvre de nouveaux phénomènes dont personne ne voit
de prime abord l'utilité sociale (il faut se rappeler la réponse de Hertz que
l'on interrogeait sur l'utilité de sa découverte des ondes électromagnétique:
"Aucune, je suppose."), la technologie en fait des outils, des objets
que les usines fabriquent et qui changent la vie des gens. Au 19eme siècle on
appelait ce mouvement le Progrès, avec un grand "P". Aujourd'hui
beaucoup doute que ce courant impétueux ait procuré une réelle amélioration de
la condition humaine, matériellement oui, mais "spirituellement" on
ne sait pas, peut-être que le berger sarde du 19eme siècle était plus heureux
que l'exploitant agricole sur son tracteur vaporisant des pesticides à tous
vents. Et puis il y a la planète qui souffre tellement de ce
"progrès". Si beaucoup ont des doutes, très peu proposent de sortir
du torrent. Les altermondialistes? Les décroissantistes? Mais sont-ce vraiment
des propositions ?
Mon soutien au Parti Socialiste provient de ma
conviction qu’il est un pagayeur agile.
1 comment:
j'aime l'allégorie du kayak, espérons que le pagayeur ne fasse pas de mauvais gestes et tombe à l'eau car le canot est fragile!
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